Après Antoinette, Laurence, Amélie (Le Locle était encore un club séparé) et Fanny, le JKC compte une cinquième dame dans son cercle de ceintures noires ! Karolane Morandi a réussi l'examen du 1er dan de judo à Uster.

Baignant - noyée depuis belle lurette même - dans le judo depuis toute petite, elle fait honneur à sa famille coutumière des tapis et odeurs de transpi' sous éclat blanc de judogi. Un bien beau jalon ajouté à sa soif du ippon par seoi-nage. Merci à son partenaire d'examen Antoine Simon (le jeune homme qui fait une apparition de toute beauté sur la deuxième photo, oui c'est lui) et, bien sûr, à tous ses entraîneurs et coaches. Le JKC est et sera toujours fier de compter parmi ses membres de nouveaux diplômés.

Voici le petit mot de Laurence, ex-présidente du club et 3e dan :

Félicitations. Les filles ceinture noire dans le club se comptent sur les doigts de la main. Bienvenue dans ce cercle très restreint.

Lumière sur le judo féminin

Pourquoi un tel engouement au JKC lorsqu'une joshi judoka (une pratiquante féminine de judo) accède à la ceinture noire ? Ne devrait-on pas rester neutre sur cette caractéristique du genre qui est le centre de nombreux débats actuels ? Oui et non. En effet, le judo a longtemps connu des différences entre les femmes et les hommes. Jigoro Kano, le fondateur, a pourtant provoqué une véritable révolution en incluant une pratique féminine. Car, à son époque, la mentalité japonaise n'était pas prête de voir une dame en tenue de judo, dévoilant ses mollets et prenant des risques pour sa prétendue fragilité physique. Heureusement, Maître Kano avait une autre idée en tête : moderniser et rendre accessible à toutes et tous l'éducation (pas uniquement dans le monde du judo, mais au niveau scolaire en tant que directeur de l'École normale et conseiller au Ministère de l'Éducation), ce qui n'était pas du goût de l'Administration éducative.

Pendant une longue période, malgré la promotion de l'éducation féminine par Jigoro Kano, il était hors de question pour la direction du Kodokan qu'une dame puisse dépasser le cinquième dan et ainsi porter une ceinture rouge et blanche ! Ceci était évidemment sexiste - et certainement contraire à la pensée du fondateur - et Mme Fukuda (1913-2013, 9e dan Kodokan et 10e dan USA) sera à l'origine du changement de pensée à ce sujet en 1972 et bien plus encore (plus d'informations à propos de Keiko Fukuda sur Mrs. Judo.). Nous connaissons d'ailleurs largement cette tradition de la ligne blanche traversant la ceinture des dames pour les différencier, qui a été abolie seulement en 1999 par l'IJF et en 2017 par l'AJJF (je vous laisse parcourir un article intéressant d'Yves Cadot qui tente de trouver l'origine de cette ligne blanche, qu'elle soit positive [les conditions d'entraînement des dames étaient plus dures que celle des hommes et elle méritaient une reconnaissance en marquant la pureté de leur instruction par une bande blanche] ou négative [les femmes ne faisaient pas de compétition et donc pratiquaient un judo partiel], : Ligne blanche sur ceinture noire).

Pour promouvoir le judo chez les filles, le JKC propose depuis longtemps dans son programme des cours de judo qui leur sont réservés, en plus de tous les entraînements hebdomadaires. Toi qui lis cet article, si tu es une joshi judoka et que tu ne le savais pas encore, fonce t'informer !

Michaël Droz-dit-Busset