Laurence Jeanneret Berruex et son coéquipier Fabrice Beney (Judo Team Sion) sont médaillés de bronze de ju no kata aux championnats d'Europe !
Dimanche, 12:09, le comité apprend la nouvelle par un message de Didier : "3e place pour Laurence aux championnats d'Europe ! Le résultat vient de tomber !" Quel bonheur de lire une telle réussite ! Les championnats se déroulaient à Rijeka, en Croatie (oui, au bord de l'eau).
Avec 398 points (sur 510) lors des éliminatoires, le duo helvétique se classe deuxième de son pool, puis réalise une meilleure prestation de 400.5 points lors de la finale qui leur vaut le podium, derrière les Espagnols (405.5, champions d'Europe 2018, bronze européen 2019) et les Allemands (425, 7 médailles mondiales dont 4 titres et 15 titres européens). En constatant le niveau de leurs concurrents, je vous laisse imaginer celui de Beney - Jeanneret Berruex.
Cette médaille est le fruit de nombreuses heures de travail et d'engagement sur plusieurs années, qui vient confirmer l'excellence de Fabrice et Laurence dans le domaine. Habitués du podium suisse et multipliant les participations internationales, ils font la fierté du JKC et du Judo Team Sion.
Merci à vous deux pour les étoiles dans les yeux et encore bravo pour votre parcours !
Michaël Droz-dit-Busset
Quelques mots de Laurence
Comment décrire une expérience telle que celle que j’ai vécue ce week-end ? Fabrice et moi-même avions un premier objectif de passer les préliminaires, ce que nous avons réussi. Monter sur le podium a été la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas notre premier championnat d’Europe, nous participons régulièrement à des championnats du monde. Mais cette fois-ci la constellation a joué en notre faveur et nous avons pu démontrer un kata dont nous étions satisfaits. Ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est non seulement de monter sur la troisième place du podium, mais également d’avoir passé un cap qui, jusqu’à maintenant, nous paraissait difficile à atteindre. Nous voici donc repartis sur une nouvelle route en espérant encore trouver des moyens de progresser et de gagner des points. Progresser implique qu’on reste suffisamment ouverts. Si nous avons pu progresser, c’est grâce à de nombreuses personnes qui ont su nous donner des conseils, des visions, des explications. Nous n’avons pas toujours pu tout appliquer immédiatement. C’est une construction. Les bâtisseurs sont nombreux. C’est l’occasion de remercier en particulier Maître Mikami qui nous suit depuis longtemps. Éric Vaney, juge international et Jean-Pierre Ryser, responsable du Swiss Kata Team. Pascal Dupré qui nous accueille régulièrement dans son dojo situé à mi-chemin entre Sion et La Chaux-de-Fonds.
Et un grand merci à mon partenaire et ami sans qui rien ne serait possible, puisqu’il faut être deux pour pratiquer le kata. Et bien sûr je remercie aussi mon mari qui me soutient, m’encourage et surtout accepte mes nombreuses absences. Ainsi que le soutien du club. Le prochain objectif : le championnat du monde. Si ce qui est important n’est pas tant le résultat mais surtout le chemin qui y mène, la médaille est une reconnaissance du travail fourni. Elle est particulièrement douce à recevoir.
Laurence Jeanneret Berruex
Retour d'expérience de Fabrice
Petit feedback de mes impressions aux CE... exercice difficile s'il en est...
Tout d'abord techniquement, surtout le samedi pour le tour préliminaire, et avant même que les points ne tombent, j'ai eu envie de dire : "putain enfin", enfin un kata dans un grand championnat durant lequel on s'est senti bien tous les deux techniquement et mentalement, un kata qui a coulé tranquille.
Après c'est clair que tu es tendu comme une ficelle de string en voyage de noces à savoir si tu finiras quand même dans les 4 qualifiés pour la finale, et si on avait signé pour une 4e place de voir ton nom en deuxième position juste derrière le champion du monde c'est le feu d'artifice dans ta tête.
Mais bien sûr tout cela doit très vite se calmer car rien n'est fait... Il faudra tout recommencer demain, ne pas se laisser bouffer par l'enjeu, se forcer à ne même pas y penser... Pour être honnête, samedi soir avant de me coucher j'y pensais et je me disais qu'un podium européen, c'est le pied, même si j'avais déjà connu ça en 2015, mais après ces 4 années de travail avec Laurence ça me motivait de lui offrir ça a elle aussi...
Le dimanche effectivement la tension était là, mais plus riches et plus forts de l'expérience de la veille elle ne nous a pas complètement écrasés, pas sur le moment. Après, même si l'on perd une place, sur le classement final, même si 5 petits points sur 510 ce n'est presque rien, être dans les 3 à monter sur le podium c'est quand même la fête du slip dans ta tête. Même si c'est peut-être moins intense la deuxième fois sur le podium, la première réaction au moment de découvrir le classement est toujours la même.
À ce moment-là tu penses à ton binôme, tu penses aux heures passées dans la voiture, les km parcourus, aux samedis, aux dimanches sur les routes à tous les tournois ou ça n'as pas marché et où tu as tout remis en question, tu as une pensée pour tous ceux qui t'ont aidé - pour nous on a tous les deux voulu avertir Me Mikami et Antoinette en premier - mais aussi à tous ceux qui se sont impliqués dans l'équipe, dans l'organisation, dans les inscriptions comme Jean-Pierre, comme les juges Eric et Hanspi, comme nos camarades de l'équipe...
Et en dernier lieu, il faut avouer aussi une petite pensée pour tous les trous du cul et les jaloux qui n'y croyaient pas, pour tous les bâtons qu'on a eus dans les roues, pour les difficultés à trouver des moments d'entraînement et pour toutes ces choses qui nous ont rendus plus forts.
Au final, on sent une motivation de ceux qui nous suivent, mais j'ai bien peur qu'une fois de plus ce ne restera qu'un feu de paille. Nous sommes troisièmes aux championnats d'Europe dans une discipline méconnue et peu reconnue d'un sport déjà peu médiatisé. Ce qui m'attriste, c'est l'incapacité de tirer profit de ce résultat pour attirer du monde à la technique, au kata, voire même à prendre notre suite dans la compétition de kata. Cette incapacité à expliquer aux judokas qu'il y a un monde énorme à découvrir après le shiai ou en plus du shiai, etc. Si on a pu le faire c'est que nous avons compris qu'aujourd'hui le kata sportif est devenu un sport de pointe et que nous l'avons appréhendé ainsi c'est que l'on a continué à croire en nous, en notre capacité à nous réinventer, à progresser en se basant sur notre ressenti alors que le covid battait son plein.
Si l'on regarde l'organisation et les moyens de certains pays voisins et le suivi technique des athlètes de kata en Italie ou en France, pays que nous visitons beaucoup, on peut être encore plus fier car, cette médaille, on a été la chercher nous-mêmes, on a trouvé les solutions techniques par nous-même...
Au final à titre personnel, je remonte sur un podium européen pour la deuxième fois et je suis conscient que pour un Suisse c'est unique et que je le dois beaucoup à ma partenaire. Il n'est pas évident de repartir avec un autre binôme, refaire le chemin et retrouver le sommet et ça en Suisse il n'y avait qu'avec Laurence que ce chemin était possible, car il n'y a aucun autre uke qui lui arrive à la cheville dans tous le pays et probablement au-delà.
Asta la vista à Fiesch pour d'autres aventures et fêter cette médaille que nous n'avons pas eu le temps d'arroser !
Fabrice Beney